Je remercie tout particulièrement Monsieur Pascal DE PEYRELONGUE de m'avoir permis de diffuser sans aucune condition le témoignage de son séjour sur le Belem.

Je suis certain qu'il vous fera rêver et vous  rassurera sur le déroulement d'un stage...

Les amarres sont larguées par les hommes d'équipages, le commandant a pris la barre. Le Belem navigue d'abord au moteur, le temps de sortir du chenal. Après une heure de navigation, le "seul maître après Dieu" tâte le vent et ordonne de couper les moteurs."Paré à hisser les vergues volantes hunier volant, perroquet et cacatois" annonce du haut de la dunette le capitaine Pietry, commandant du Belem. Sur le pont, les stagiaires alignés les uns derrière les autres maintenant fermement la drisse, se tiennent prêts à exécuter la manœuvre. Vergues, hunier volant, perroquet... difficile à comprendre, pour certains les mots sont nouveaux mais le commandant avait pris soin d'expliquer dans un langage commun en quoi consistait l'opération. "Les vergues sont de grandes poutres en bois perpendiculaires aux mâts sur lesquelles on "descend" les voiles. Certaines vergues sont fixes d'autres doivent être levées". Le commandant donne enfin le signal. C'est parti. Les stagiaires reculent jusqu'à l'autre bout du pont en serrant la drisse des deux mains. Arrivés à son extrémité, deux d'entre eux maintiennent fermement le filin, les autres reviennent au point de départ et recommencent l'opération. Certains visages sont défigurés par l'effort qu'ils doivent fournir.

A la troisième manœuvre, les stagiaires montrent quelques signes de faiblesse. La vergue du grand hunier pèse tout de même 1 500 kg ! Mais le commandant les avait prévenus. Embarquer sur le Belem, ce n'est pas participer à une croisière sous le soleil. "Les stagiaires qui s'installent à bord du dernier trois mâts barque français sont considérés comme des membres de l'équipage à part entière, a t'il expliqué dans son mot d'accueil, vous allez vous initier à toutes les disciplines du bord : barre, matelotage et manœuvre des voiles". Et les voiles sont nombreuses, plus de vingt.

Il est 7 heures du matin, quand pour la première fois les stagiaires posent le pied sur le Belem. Certains, bretons et normands, sont déjà des navigateurs chevronnés, d'autres à l'inverse sont tout à fait novices. " A tous je rappelle que la technique de la voile carrée est différente de celle des bateaux de plaisance", indique le commandant du Belem.

Les nouveaux embarqués ont tous les âges, de 14 à 70 ans. Ils sont venus en famille ou en groupe, certains encore ont embarqué seuls, pour leur plaisir, leurs vacances ou par curiosité. Tout en buvant un café servi par le chef cuisinier, ils partent à la découverte du bateau et ne manquent pas de se saluer les uns les autres, le tout sans se connaître. Mais n'ont-ils pas embarqué dans un autre monde ?

Ils s'émerveillent d'abord sur le grand roof tout en bois d'acajou dont l'escalier en vrille est classé et qui sert de salle de réunion. Ils évaluent

le confort du faux-pont où sont aménagées leurs couchettes étroites et leurs caissons de rangement tout aussi petits, ils visitent aussi les salles de douches et les toilettes. Rien n'échappe à leur curiosité. Les commentaires vont bon train : "c'est plutôt spartiate" commente l'un. "Normal" répond sobrement l'autre. Les apprentis gabiers se sont vus aussi attribuer un numéro dès l'embarquement. C'est en fonction de celui-ci que se feront désormais les appels et les affectations aux postes de quart et aux rôles. Cette formalité rapidement effectuée, les stagiaires continuent à déambuler sur le pont, se familiarisent avec les dimensions du bateau, bref s'exercent à tenir debout.

La Suite